Au pays de nos crises : essai sur le mal marocain

Ce que dit l'éditeur

Au pays de nos crises

Essai sur le mal marocain

Tout au long de mon essai, j'ai délibérément privilégié l'approche réflexive-critique. Car, puisqu'il est question d'un checkup des crises comme tendances lourdes engendrant blocages et impasses, et non pas comme simples turbulences de traverse ou « crises de croissance », ladite approche permet de repérer et de dire les défaillances et les zones d'ombre dans le corps pris ici comme cas d'espèce, celui de la société marocaine. Plus salutaire que tout discours anesthésiant et tout optimisme béat, elle remplit, même sous sa forme polémique, la fonction de tenir notre conscience en éveil à l'égard des dangers qui menacent jusqu'à notre existence historique et dont les plus graves sont : le mal-développement avec ses contre-performances économiques à répétition, les fractures, sociale et culturelle ; la grisaille idéologique ambiante ; le chômage politique des intellectuels (illustré par des conduites d'échec : individualisme, cynisme, oubli de la chose publique) ; l'avancée d'une « culture populiste » comme produit net du marasme de l'enseignement ; les nouvelles infériorisations et dépendances mutilantes dans nos relations globales avec l'Occident, etc.

[...]

En dépit des lassitudes et des déboires, l'effort de dépasser notre histoire dépressive doit se maintenir et sans cesse se renouveler. Il doit être porteur de notre volonté d'émergence et de notre raison d'être. Une idée profonde de la citoyenneté et du civisme devrait s'emparer des coeurs et des esprits. Mériter l'appartenance à cette terre en la protégeant de toutes les formes d'égoïsme, de veulerie et d'impuissance ; la mériter en marquant à son actif des points décisifs sur les tableaux des réalisations et des performances. Les philosophes de la cité, depuis les sages de l'antiquité, ont toujours proféré ces paroles cristallines, intelligibles et salutaires. [Extraits de la conclusion]