Le couteau : réflexions suite à une tentative d'assassinat

Ce qu'on en pense

L’écrivain américano-britannique de 76 ans évoque, non sans pudeur, la tentative d’assassinat dont il a été victime à l’été 2022 aux Etats-Unis. Le Couteau aiguise la mémoire d’un homme traqué, d’un homme vaillant et harnaché à cette liberté d’expression qui imprime son œuvre. Salman Rushdie ponctue les 269 pages de son récit en deux parties : l’ange de la mort et l’ange de la vie. On comprendra aisément que la première partie fait référence à l’agresseur. Quant à l’ange de la vie, il évoque Eliza, avec qui l’auteur partage sa vie. Auprès d’elle, il reformule la chronologie des faits, le retour à la vie du quotidien. Quand bien même Eliza était déjà présente à ses côtés durant les évènements, on comprend que Rushdie a besoin de lui exprimer sa tendresse, sa gratitude a posteriori. Au fil des pages, l’auteur retrace le parcours de sa vie, ses rencontres lors de conférences ou son émerveillement pour le sacré lors de ses voyages. Laissons-le s’exprimer à propos : « Je voudrais ajouter une chose que je n’ai encore jamais dite. Même si j’ai toujours été largement influencé par la pensée de l’art de l’islam (…), je me suis aperçu que, d’une certaine façon, j’avais été plus influencé par le monde chrétien que je ne le pensais. D’abord j’en aime la musique. (…) Je me rappelle avec plaisir l’époque où tous les élèves de mon pensionnat de rugby avaient chanté « Le Messie » de Haendel dans la chapelle de briques de l’école, et je chantais allègrement le chœur de l’Alleluia. Et que dire de Léonard de Vinci, de Michel-Ange et de tous les autres ? Il y a deux ans, Eliza et moi avons visité la chapelle Sixtine, contemplant le plafond tandis que les gardiens psalmodiaient avec sévérite « Silenzio, non foto ». Même submergé par la beauté, mon moi athée et rebelle parvint quand même à en prendre quelques unes ».

Stéphane, libraire à La Procure de Paris