Lucien Deiss

Si rien ne disposait Lucien Deiss à devenir compositeur, il fut toutefois dès sa jeunesse bercé par l'orgue de la paroisse d'Eschbach en Alsace. Quelques années à Rome, à l'Institut de musique sacrée fortifient sa formation, avant qu'il n'entre chez les Spiritains en 1942. L'Afrique, terre chère à cette congrégation, lui offre la possibilité de participer à l'ouverture d'un nouveau séminaire au Congo. Malheureusement, obligé de rentrer en France au bout d'un an pour raisons de santé, c'est dans un autre séminaire qu'il exercera ses dons de pédagogue en exégète de la Bible : au séminaire de Chevilly-Larue. Une petite paroisse l'accueille pour la messe dominicale et c'est là que peu à peu, il met en place les bases d'une nouvelle approche du chant liturgique. Partant de la réalité concrète que les paroissiens ne connaissaient pas ou mal la Bible, il se met à composer des chants qui leur permettront de mémoriser les textes essentiels. Belle idée, qui chemin faisant, rejoint un courant pour la redécouverte de la Parole vivante. Le chant grégorien et les polyphonies de la Renaissance, qu'il dirigeait admirablement avec la chorale de ses frères spiritains, seront des sources inépuisables pour ses futures recherches mélodiques. Combien de disques enregistrés par le Studio SM témoignent de cette nouvelle approche ! De nombreux chants ont allègrement fait le tour du monde... "J'ai essayé d'être missionnaire en demandant à la beauté d'être servante du Christ, écrivait-il. En mettant dans les notes, parfois si rebelles, comme le sourire du ciel, pour qu'elles soient chemin vers le Seigneur." Tel pourrait être le testament musical de cet homme qui devait s'éteindre en octobre 2007.