Theodore Zeldin, pourrait-on dire par esprit de provocation ou avec un humour tout britannique, est une rareté parmi ses compatriotes : un anglais francophone et francophile. Son ouvrage Histoire des passions françaises, modèle de recherche universitaire, est devenu un classique.
Theodore Zeldin, dont les parents étaient des juifs de Russie, est né en 1933 dans la Palestine sous mandat britannique mais qui la quittent bientôt par refus du sionisme, pour s'installer en Egypte où leur fils commence ses études. Il les poursuit en Angleterre et obtient une place à l'université d'Oxford, au prestigieux collège Christchurch où il passe ses journées dans la bibliothèque riche de 8 millions de volumes. Il reste à Oxford à la fin de ses études conclues par un doctorat, devient professeur, puis doyen de St Matthew's, un collège spécialisé dans les relations internationales. Francophone et francophile, Zeldin parle français sans accent et s'est fait connaître par une Histoire des passions françaises en cinq volumes, dans lequel il analyse avec une distance toute britannique mais avec l'humour, énormément de finesse et une vaste culture l'ambition, l'amour, les colères politiques, l'orgueil et l'espoir intellectuels, le goût et l'anxiété, dans une grande fresque qui rappelle celles de l'historien Fernand Braudel. Il a élargi son sujet avec le travail suivant, Histoire intime de l'humanité, dans lequel il analyse les préoccupations des hommes dans les civilisations passées et présentes. Toujours mu par son souci humaniste, il s'est également intéressé à l'art de la conversation, comme moyen de rapprochement entre les hommes et les peuples, De la conversation. Il a appartenu à la commission Attali sur la croissance en 2007. D'un homme comme Zeldin, on peut dire : La terre est sa nation.