Entre Rhône et Mont-Blanc au XVIe siècle : inspections dans l'apanage de Genevois-Nemours de 1553 à 1572

Ce que dit l'éditeur

Dans la seconde moitié du XVI^e siècle, inspecter le domaine du duc de Nemours dans le Genevois, le Faucigny et le Beaufortin semble relever d'une gageure. Les commissions d'enquête déléguées de 1553 à 1572 agissent sur les ordres d'une administration centrale défaillante et désargentée, doivent composer avec les réticences des officiers locaux et ont pour mission d'ordonner la réparation de bâtiments délabrés. « Sy soudain n'y est remedié le tout tumbera en ruyne ! » s'étrangle l'un des inspecteurs qui visite en 1553 la halle de Sallanches. Son constat pourrait en fait s'appliquer à la plupart des édifices du domaine ducal et en particulier aux châteaux détenus par Jacques de Savoie (1531-1585).

La majeure partie des dix-neuf forteresses examinées - qui appartenaient au milieu du XIV^e siècle aux comtes de Genève et aux sires de Faucigny - ne forme plus en effet que des bâtiments en déliquescence où les murailles se lézardent, où les charpentes fléchissent et où les toits baillent au vent. Or, faisant preuve autant de zèle que d'une obstination forcenée, les commissaires du duc de Nemours s'acharnent aussi bien à recenser chaque corps de bâtiment qu'à inventorier ses boiseries, ses huisseries et son mobilier. Luttant farouchement contre l'inéluctable oeuvre du temps, les inspecteurs admonestent les officiers locaux et les communautés urbaines et villageoises, les menacent d'amendes et de poursuites, et convoquent charpentiers et maçons au chevet des bâtiments moribonds.

Établissant l'état des châteaux, des halles, des bancs du droit, des moulins, des celliers, des fours et du domaine foncier du duc de Nemours, les trois tournées d'inspection ordonnées dans la seconde moitié du XVI^e siècle permettent au lecteur des visites extrêmement précises de ces biens immobiliers. Mais, au-delà des aspects architecturaux, les inspections de l'apanage de Genevois-Nemours constituent un passionnant et rare instantané d'une région alpine, et s'imposent ainsi comme des sources historiques régionales majeures.