Oeuvres complètes. Cahiers de formation : pages choisies

Ce que dit l'éditeur

Entre mai 1960 et mai 1974, le jeune Michel Serres a tenu une sorte de « journal de bord », où il consignait à la fois ses « essais » de philosophe et ses réflexions plus intimes. Conformément à sa volonté, la publication intégrale de ces dix-huit cahiers manuscrits inédits, soit près de mille six cents pages, fait l'objet du volume I de l'édition de ses Œuvres complètes, qui paraît simultanément aux Éditions Le Pommier.

Parallèlement, il nous a paru indispensable de proposer l'édition fac-similé d'une sélection de pages prises dans ces cahiers. Serres accordait une importance majeure à l'acte d'écrire, à ce que c'est que tracer des « graphes » sur la feuille de papier. Pour lui, la pensée à « l'état natif » se produit quand des formes se dessinent sur le fond blanc d'une page. Le sens surgit alors du chaos.

Et si ces cahiers, de l'aveu même du philosophe, représentaient pour lui de précieux compagnons de route, voire des confidents en ces années de formation, c'est précisément parce que l'écriture, fragmentaire, y est spontanée, libre, directe, sans plan préconçu. On s'approche d'une pensée qui surgit par éclairs, on y côtoie aussi des joies, des éblouissements, des colères, des désespoirs. Mais, chaque fois, c'est l'écriture manuscrite, fine et claire, qui en témoigne le mieux, parce que la « graphie » accorde un surcroît de présence à celui qui écrit.