Libres cahiers pour la psychanalyse, n° 26. Partir, revenir : Au-delà du principe de plaisir, Sigmund Freud, 1920

Ce que dit l'éditeur

Libres cahiers pour la psychanalyse

Partie revenir

Automne 2012

Numéro 26

Celui qui a été fortement éprouvé dans son enfance risque de répéter cette expérience tout au long de sa vie, à l'instar du petit enfant qui tente d'apprivoiser les effets d'une séparation brutale par l'invention d'un jeu reproduisant cette situation douloureuse. Ainsi le jeu du fort-da du petit-fils de Freud : sa mère est partie et, sous le regard de son grand-père, il joue longtemps avec sa bobine qu'il attache avec un fil, jette au loin puis ramène à lui, sans se lasser. La douleur liée à la séparation est alors tout à la fois reproduite et conjurée. Voir partir l'objet aimé, le voir revenir : ces deux mouvements ordonnent inexorablement les oscillations de la vie amoureuse.

Au-delà du principe de plaisir est un texte important dans la pensée freudienne, un texte charnière, objet de débats à la fois graves et passionnants. À partir de l'observation du jeu d'un enfant, Freud découvre que la recherche de plaisir n'est pas le seul principe commandant à la vie psychique. Au-delà s'élèvent des tendances opposées qui visent la déliaison, la destructivité, la répétition tragique. Ces forces, ces « pulsions de mort », silencieuses et barbares, peuvent infléchir le destin humain du côté de la destruction, de la violence et de la mort. Inscrites dans le transfert et actives dans le processus analytique, elles peuvent aussi paradoxalement se mettre parfois au service de la vie.