A la recherche du meilleur des mondes : littérature et sciences sociales : actes du colloque international d'Aix-en-Provence

Ce que dit l'éditeur

La genèse des sciences sociales, au tournant du XIX^e et du XX^e siècle, en confrontation avec les sciences «dures» et la littérature, pour le monopole d'un discours vrai sur le monde, a amené les dites sciences sociales à se démarquer de la littérature qui relèverait de l'imagination et de l'irréel, pour tout dire de l'idéologie, produit second et reflet déformé du réel. Or plutôt que de porter la suspicion sur la valeur de vérité de la littérature, au nom des valeurs de vérité des sciences sociales, il convient de mettre en évidence les points communs et les différences de ces deux discours sur le monde et de mesurer les profits que peuvent tirer les sciences sociales de la valeur cognitive de la littérature.

La littérature est une activité sociale qui problématise des mondes virtuels et ouvre des rapports de don et de contre don entre auteurs et lecteurs. De ce fait, pour rendre compte du rapport que la littérature entretient avec le monde social, il faut faire appel à la catégorie du possible, irréductible à la simple opposition du vrai et du faux.

Dans cette optique la littérature a des «vertus» cognitives que les sciences sociales ne possèdent pas, ou maitrisent moins bien. Ces «vertus» de la littérature sont au nombre de trois: elle laisse ouvertes les hypothèses, elle permet de rétablir l'empathie et de mieux gérer les affects, elle rend compte de façon expressive de la complexité du réel.