Daniel Dessert tient une place un peu à part dans le monde des historiens modernistes français. Il travaille depuis des années sur l'histoire économique et financière du règne de Louis XIV et présente le monarque absolu comme soumis aux puissances financières de son temps.
Daniel Dessert a enseigné l'histoire à l'Ecole Navale. Il s'est spécialisé dans la période du règne de Louis XIV et a entrepris, non sans réactions de ses confrères qui ne partagent pas nécessairement ses analyses, de démythifier l'image du Roi Soleil monarque absolu. Après une thèse publiée ultérieurement sous le titre Argent, pouvoir et société au Grand Siècle, il explique en plusieurs livres décapants et un passage remarqué à Apostrophes à l'invitation de Bernard Pivot comment le pouvoir réel était en fait entre les mains des banquiers et des financiers dont le roi avait besoin pour financer ses guerres. Il remet entièrement en cause la figure de Colbert, dont l'histoire garde l'image d'un ministre intègre et économe, dans deux livres, Colbert ou le serpent venimeux et Le royaume de Monsieur Colbert, dans lesquels il le montre jaloux, cupide et intrigant. On lui doit aussi une biographie de Fouquet qui selon lui doit sa disgrâce aux manoeuvres de son ancien protégé, Colbert. Dans L'argent du sel, le sel de l'argent, il remonte à l'époque de Louis XIII puis de la Fronde pour démonter minutieusement les mécanismes financiers révélés par le procès de Fouquet et le rôle des grands banquiers de l'époque. Une approche contestée par certains de ses collègues historiens modernistes, preuve s'il en était besoin de la vitalité de la discipline et de la richesse de la période.