Jean Giraudoux a mené comme Saint John Perse ou Claudel une double carrière de diplomate et d'homme de lettres. Après quelques romans, il s'oriente vers le théâtre à la suite de la rencontre de Louis Jouvet. Son attitude pendant la guerre est ambiguë et les circonstances de sa mort restent mystérieuses.
Jean Giraudoux est né à Bellac dans le Limousin en 1882 et son attachement à son terroir se reflètera dans le titre de deux de ses livres, Siegfried et le Limousin et L'Apollon de Bellac. La khâgne du lycée Lakanal le mène à l'Ecole normale supérieure où sur les conseils de son professeur, il passe des lettres classiques à l'allemand. Une bourse à l'université de Munich lui permet de visiter l'Europe. Malgré un échec à l'agrégation, une autre bourse lui offre une année d'études à Harvard. A son retour, il réussit le concours de la chancellerie. Attaché au bureau d'étude de la presse étrangère, il publie son premier livre juste avant le début de la guerre. Blessé à deux reprises, il participe à des missions diplomatiques.Trois romans paraissent coup sur coup au début des années 20 : Suzanne et le Pacifique, Siegfried et le Limousin, un récit marqué par la guerre et Juliette au pays des hommes. Placé hors cadre, il fait en 1928 la rencontre décisive de Louis Jouvet qui le décide à aborder le théâtre. Siegfried, Intermezzo, Amphitryon 38 sont montées avec grand succès, bientôt suivies, devant la montée des périls, dont Giraudoux, qui a accompagné Edouard Herriot à la conférence de Lausanne, a conscience, par La guerre de Trois n'aura pas lieu. Nommé commissaire à l'information par Daladier en 1939, il suit le gouvernement à Bordeaux. Il refuse les postes proposés par Pétain et fait valoir ses droits à la retraite. Son fils s'engage dans les Forces Françaises Libres. Malgré une attitude sans équivoque vis à vis de Vichy, il publie sans entraves, ne s'engage pas vraiment dans la Résistance et refuse de partir pour les Etats Unis. A sa mort brutale début 1944, Claude Roy et Aragon font courir le bruit d'un empoisonnement par la Gestapo.