Georges Tate, un intellectuel conscient de son rôle dans la cité. C'est par ses mots que ses amis ont salué sa mémoire à sa disparition brutale. Historien et archéologue spécialiste de Byzance et du Proche-Orient, ce biographe de l'empereur Justinien était d'abord soucieux de partager son savoir et de le rendre accessible.
Georges Tate, fils d'enseignant, prépare l'
Ecole normale supérieure de Saint-Cloud dans la khâgne du lycée
Henri IV et concours en poche, décide de se spécialiser en histoire médiévale et se passionne pour le monde byzantin qu'il découvre à la Sorbonne. Agrégé en 1968, il devient assistant à l'université de Nanterre puis décide de partir à Beyrouth où il travaille en liaison avec l'institut français d'archéologie, qu'il dirigera ensuite, de 1980 à 1989. Lorsqu'éclate la guerre civile en 1975, il réussit à sauver la bibliothèque de l'institut qu'il fait escorter par un convoi blindé ! Il installe les archéologues français en Jordanie, jusque là chasse gardée des Britanniques et fouille sans relâche en Syrie, travail dont il rend compte en 1992 dans
Les campagnes de la Syrie du Nord du IIè au VIè siècles, une histoire sociale et économique des villages situés dans le
Massif Calcaire de Syrie. Il rentre en France en 1989 et devient professeur d'histoire ancienne et d'archéologie à la toute nouvelle université de
Cergy-Pontoise. Les ouvrages se suivent à son retour en France, malgré une mission périlleuse de conseiller culturel à Bagdad en 1994 : outre une histoire générale de la
Grèce antique,
L'Orient des Croisades,
Les Croisés en Orient et une biographie de l'empereur
Justinien, l'épopée de l'Empire d'Orient, 527-565. Il est mort brutalement en 2005, laissant le souvenir d'un professeur passionné et d'un citoyen engagé.