Cyrille Argenti est une remarquable personnalité du monde orthodoxe français qui, après risqué sa vie pour sauver des juifs pendant la guerre, a fondé à Marseille la paroisse Saint Irénée, milité à l'ACAT et pris une grande part au mouvement oecuménique.
Cyrille Argenti est originaire de la communauté grecque de Marseille, encore très importante dans cette ville fondée par leurs ancêtres sous l'Antiquité. Né à l'armistice qui met fin à la première guerre mondiale, il appartient à la génération marquée par la montée des totalitarismes. Il étudie la philosophie à Aix-en-Provence et à Oxford. Dès 1940, il s'engage à l'OSE, organisation juive de secours aux enfants qui s'occupe des réfugiés dans le Midi non occupé. A l'invasion de la zone libre en 1942, il cherche à sauver les juifs désormais menacés d'arrestation et en emmène certains lui-même au Chambon-sur-Lignon où le pasteur André Trocmé a organisé un réseau de caches dans les Cévennes. Tous deux seront faits Justes parmi les Justes par Israël. Argenti est arrêté peu après et échappe miraculeusement à l'exécution, ce qui renforce sa vocation religieuse. Après la guerre, il part étudier la théologie à Athènes ; ordonné en 1950, il est prêtre à l'église orthodoxe de Marseille. Il milite pour une liturgie en français, mais s'engage surtout dans des actions humanitaires et caritatives, l'ACAT et la Cimade, le dialogue oecuménique, la création du Nid Saint Georges qui secourt les personnes en état de précarité et lutte au mépris de sa sécurité contre le régime des colonels qui a pris le pouvoir en Grèce. Il fonde en 1978 la paroisse Saint Irénée qui célèbre enfin la liturgie grecque en français. A sa mort en 1994, il laisse une oeuvre théologique importante, dont Dieu est vivant.