Légendes. Vol. 2. Dormir dans les transports en commun

Ce que dit l'éditeur

Légendes 2 - Dormir dans les transports en commun

La dernière fois où vous vous êtes assoupi dans un train, résistant d'abord pour ne pas sombrer, relevant la tête quand elle piquait du nez puis cédant finalement au sommeil, j'étais à côté de vous.

J'ai veillé sur vous avec beaucoup de sollicitude et je vous ai dévalisé. J'ai volé vos épaules dont les trapèzes venaient de se relâcher. J'ai volé votre cou fléchi. J'ai volé votre menton qui doublait sous le poids de votre crâne. J'ai volé votre bouche entrouverte d'où hésitait à s'échapper un filet de salive. J'ai volé vos paupières fines comme une chiffonnade de jambon enrobant des oeufs de caille. J'ai volé vos cils un par un. J'ai volé vos oreilles. J'ai volé ce carré de lumière sur votre front, reflet de la veilleuse.

Mon butin est dans ce livre, en autant de portraits qu'il y a eu de vols. Je vous ai pris votre sommeil, je vous le revends.
Ainsi va la vie du détrousseur des transports publics.

Vous n'étiez peut-être pas exactement à votre avantage, ce jour-là, mais je vous ai trouvé magnifique. Merci de votre abandon et de votre confiance.

Légendes : trente ans de dessin d'observation, qu'est-ce que ça raconte ? Bien des légendes. D'où l'idée de l'auteur de les légender. D'où l'idée de l'éditeur de les publier dans une collection de livres colorés, truffés d'histoires et d'images aux sujets les plus variés.

D'abord, pour ne pas oublier ces légendes. Ensuite, pour divertir l'amateur qui voudra bien s'asseoir, regarder et écouter.

Si on rit, tant mieux. Si on s'instruit, tant mieux. Si on s'émieut, tant meuh. Et si rien de tout ça, alors, comme disait le père Gide : « Nathanaël, jette mon livre. »