Campagne. Se souvenir de ma mère

Ce qu'on en pense

« Quelle joie de trouver enfin un livre pur ! » Paul Claudel. À vingt ans, Raymonde Vincent arrive à Paris, pauvre, mais ambitieuse. Elle côtoiera le milieu artistique et littéraire (Aragon, Bernanos, Giraudoux) dont elle suscitera l’admiration. Elle obtient le prix Femina en 1937. Le livre, en partie autobiographique, raconte la jeunesse de Marie, orpheline confiée à sa grand-mère, dans la campagne berrichonne. Leur départ pour une ferme exploitée par des parents dans le domaine d’un château signe le début d’une nouvelle vie pour cette enfant qui s’ouvre très vite aux beautés de l’existence, malgré la rudesse du milieu. Enfance et jeunesse y sont décrites avec la candeur qui sied à une âme pure. Un émerveillement dû à l’innocence de Marie qui révélera la profondeur de sa foi, car il y a du sacré et de la fraîcheur dans ce très beau livre.
Aline Raynaud, libraire à La Procure de Paris

« Quelle joie de trouver enfin un livre pur ! » Paul Claudel. C’est en 1937 que ce premier roman autobiographique reçoit le prix Femina, consacrant un auteur au destin remarquable. Raymonde est née en 1908 dans la campagne du Berry. Elle est confiée à sa grand-mère après la mort de sa mère à quatre ans. Elle l’aide dans son quotidien jusqu’à ses 10 ans où son père la reprend après son remariage pour garder les vaches et les chèvres dans sa ferme. C’est toute seule qu’elle apprendra à lire grâce aux leçons de catéchisme et au journal local. Pour gagner de l’argent, on la place comme apprentie couturière, mais son goût pour la liberté s’affirme et son caractère indépendant refuse l’autorité. À 13 ans, elle trouve toute seule une place dans une usine de chemiserie où elle est souvent renvoyée pour insubordination.
En 1925, elle quitte tout pour venir à Paris où elle espère devenir chanteuse. Très pauvre, elle commence par travailler dans une laiterie d’où elle sera renvoyée et vivra un temps vagabonde dans les rues… Elle devient modèle pour des peintres à Montmartre, dont Giacometti. Elle s’instruit. En parfaite autodidacte, elle apprend la littérature, la peinture, la musique et le théâtre, jusqu’à ses 21 ans.
C’est là qu’elle rencontre Albert Béguin, un critique qu’elle admire. C’est avec lui qu’elle parle littérature. Elle côtoie le milieu littéraire parisien (Aragon, Bernanos, Giraudoux). Ils se marient en 1929 en Suisse d’où il est originaire. Elle le suivra dans tous ces déplacements, y compris en Allemagne où il sera universitaire. En 1930, indignés par la censure pendant la montée du nazisme, le couple est expulsé. Ils retournent en Suisse. Pendant tout ce temps, elle rêve de devenir romancière.
« Elle repensa à sa grand-mère, à leur retour de la grand-messe, sur la route blanche, aux troupeaux de moutons dans la plaine brûlée ; aux odeurs de menthe chaude le long des talus, à la soie grise des pins ; à la croisée des routes ; aux sons de cloche et d'orgue qu'elle entendait encore couvrir toute la campagne. »
Marie-Joseph Biziou, libraire à La Procure de Paris