De quoi avons-nous donc besoin ? : de la nécessité d'Emile de Jean-Jacques Rousseau au besoin des apprenants de notre temps

Ce que dit l'éditeur

Partir de Jean-Jacques Rousseau, c'est sans doute remonter bien loin pour envisager la question de l'enseignement -apprentissage des langues telle que l'envisage l'Europe aujourd'hui. Si Rousseau reste une référence incontestée dans le champ de l'éducation, deux siècles et demi d'évolution et de transformation des processus de transmission et d'acquisition n'ont pas manqué de labourer, nombre de fois et de part en part, tout ce champ.

Le foisonnement de la recherche au XX^e siècle qui dévoile, des pans entiers du mystère des langues et les avancées non moins spectaculaires de la linguistique refondent nos représentations du langage. La didactique des langues, pour sa part, va s'appuyer sur ces découvertes et chercher des réponses à ses questions en interrogeant aussi bien d'autres disciplines comme la sociologie, la psychologie (en négligeant la psychanalyse), la neurologie, les sciences de l'éducation et, récemment, les sciences cognitives.

Cependant, à y regarder de plus près, il n'est pas certain que la didactique se soit tant éloignée du modèle proposé par Rousseau dans Emile ou de l'éducation. L'hypothèse de cette étude est de montrer en quoi la contrainte ou « la nécessité » qu'impose Rousseau à Emile comme ressort opérationnel de son apprentissage préfigure ce qu'on trouve en didactique des langues avec la notion du « besoin des apprenants ». Ce faisant, on déplace progressivement et insensiblement l'acte d'apprendre du registre de l'effort, du temps et de la sublimation nécessaires pour accéder à la culture vers celui d'une réponse à une demande urgente d'entrer dans le marché de l'échange et de la communication entre les hommes, les peuples et les nations de l'Europe comme d'ailleurs...