Elles étaient quatre...

Ce que dit l'éditeur

Quatre femmes qui ne se connaissent pas, en proie à un interminable fou rire dans une chambre d'hôtel d'une station de ski ronmaine où elles viennent d'arriver pour y passer des vacances : cette scène d'ouverture du livre est suivie d'une simple phrase, à l'intention du lecteur. Elle dit que derrière les quatre femmes, à leur insu, la porte a été fermée à double tour.

Le fou rire apaisé, les quatre femmes - une étudiante, une comédienne, un professeur de lycée, une militante du P.C. - vont peu à peu faire connaissance. Elles se mettent à boire, et parlent. La complicité fragile qui leur vient d'avoir ri ensemble du même rire absurde n'exclut entre elles ni la méfiance, ni le défi, voire la provocation la plus brutale, ponctuée d'insultes, et même, l'ivresse aidant, de coups. Dialogue extraordinaire, "hystérique", où les obsessions, allusions et confidences sexuelles dominent tout d'abord, pour faire place bientôt, sans rupture, et comme naturellement, à l'évocation du climat politique de la Roumanie, lequel, on le comprend, pèse plus lourdement sur chacune d'elles que tous leurs problèmes "personnels" - ou se mêle indiscernablement à eux. Ainsi le drame de la collectivisation des terres dans la Roumanie des années 50 peut-il passer tout entier dans un dialogue qui ne cesse à aucun moment d'être une conversation "féminine", usant d'une sorte de sous-langage auquel les personnages du roman occidental contemporain, dans une recherche narrative d'ailleurs tout autre, nous ont habitués.

Les quatre femmes finiront par s'apercevoir qu'elles sont enfermées et que l'hôtel est apparemment vide. Terreur. Abattement. Et bientôt, par un réflexe d'adaptation symptomatique, la fonctionnaire du Parti va tenter d'organiser la vie de prison qui vient, croit-elle, de commencer pour elles.

Devant la porte inexplicablement rouverte, c'est de nouveau le fou rire qui s'emparera des quatre femmes, les distrayant de la fuite. Et la porte sera refermée...

Il faut admirer comment l'auteur, par le biais de ce huis clos en (...) à derni ivres, et sans que le souci que chacune (...) intime y soit jamais sacrifié, a réussi à dire, (...) peut-être que ne l'aurait permis le style direct, la vie d'une nation à l'époque où le mal stalinien y régnait sans partage.