Le grand labeur

Ce que dit l'éditeur

Mille chants s'allument dans la nuit. Et je les vois au loin, fourmis éparpillées sous le bleu du ciel, arrachant la mer au désert. Ils ont déjà bouclé la première vague, ficelée en gerbes. Tous encordés, certains chargés de sacs de houle sur le dos, ils tirent, ils tirent de toutes leurs forces, accélérant des deux mains le passage des cordages sur les treuils, dépêtrant la mer de son fouillis d'écume et d'embrun.

Je demande :

• Nina, où est Nina ?

Chez Cannet, les aveugles voient pour sauver les vivants de ce monde, on «radote avec ses vieux seins», on est baptisé par le bleu du ciel, les enfants se sauvent de l'enfer des hommes «dans l'intime du boeuf et bien après sa mort». Et quand la chaleur se fait arachnéenne, «Dieu a soif», tout simplement. L'auteur, s'il saisit l'homme au coeur de ses tourments, nous le montre défiant à mains nues ce qui peut-être l'écrase, jamais ne l'avilit. (Anne-Marie Le Goff, extrait de la préface)