Nous n'irons pas vous visiter ce soir : vivre après les héros

Ce que dit l'éditeur

« En attendant, l'objectif d'Yvon était de sauver ce qui pouvait encore l'être. [...] La BBC envoya deux messages, le premier confirmant l'opération : « Pour Blavet-Grégoire. Nous irons vous visiter ce soir. » Le second l'annulant in extremis à 18 h 30 : « Pour Blavet-Grégoire. Nous n'irons pas vous visiter ce soir. » Les hommes chargés de la vedette anglaise furent décommandés de justesse. Elle se présenta quand même, mais avec des torpilleurs : un bateau de la Kriegsmarine fut coulé au large de Port-Scaff Le petit cimetière de Brélévenez accueillit les dépouilles des marins allemands rejetées sur le rivage. » A. G. J.

Après plusieurs ouvrages de poésie, Anne Guerber franchit le pas du récit pour raconter le drame vécu par sa famille. Aujourd'hui prête à en démêler l'écheveau, elle met un doigt sur la plaie, et retrace une histoire dans l'Histoire que de nombreuses familles ont, elles aussi, traversée : l'irruption de la Seconde Guerre mondiale et des occupants allemands dans la Bretagne paisible des Côtes-d'Armor.

Ce récit minutieux, étayé de documents historiques et familiaux, restitue l'atmosphère pesante de ces années de guerre : la clandestinité, les risques incroyables pris par la Résistance, la noirceur des collaborateurs et des profiteurs de guerre, l'espoir du retour des êtres aimés qui ont été arrêtés. Cette épopée bretonne et nationale nous amène à croiser des femmes et des hommes au destin exceptionnel, dont certains deviendront des personnages publics comme René Pleven, Emile Brossolette, le colonel Rémy ou encore le futur général Jouhaud.

Par ce témoignage, Anne Guerber Jézéquel montre à quel point les souffrances endurées par les survivants se sont transmises aux descendants jusqu'à nos jours, les confrontant durablement à cette douloureuse quête : comment vivre après les héros ?