Le sorcier de la Maucroix

Ce que dit l'éditeur

Le Sorcier de la Maucroix

À la fin du XIX^e siècle, Pouilly est un village lorrain tranquille et prospère. Le fermier Anatole Leboeuf, qui en est le maire, n'a qu'un seul souci : sa fille unique, Yvonne, est depuis des années en âge de se marier, mais aucun prétendant ne se manifeste. Le temps coule doucement, jusqu'au jour où vient s'installer dans le village un certain Johann Kreul, dont on ne sait rien, sinon qu'il paraît bien mystérieux. Très vite, la rumeur enfle : c'est un sorcier !

Anatole Leboeuf hausse les épaules, sceptique. Quand son meilleur ami se met à dépérir sans raison, il commencera à se poser des questions. Encore ignore-t-il que le curé a découvert dans la cabane de Kreul une poupée à l'effigie d'Yvonne...

Derrière l'église, Kreul avait gravi un petit sentier tortueux, jusqu'au feu de la Saint-Jean. Il avait évité de se mêler à la foule qui se pressait sur l'éminence. Sur une estrade improvisée, un violoneux accordait son instrument. Tout à côté, on avait aplani comme on pouvait un carré de terre pour les danseurs. Dans un coin, deux planches sur deux tonneaux faisaient office de comptoir. Plusieurs hommes s'y agglutinaient et, déjà, quelques-uns avaient le verbe haut et le geste large. Adossé à un arbre, dans un verger écarté, Kreul n'était qu'une tache d'ombre noyée dans la nuit. Un raclement, puis un air entraînant couvrirent le brouhaha. Kreul suivait d'un regard perçant les femmes, les filles. Il remarqua Yvonne qui dansait, un peu lourdement, à la lueur du grand feu. Ses yeux plissés, qui semblaient ne pas ciller, restèrent braqués sur elle jusqu'aux dernières flammèches. Il ne perdait aucun de ses gestes. Il eut un sourire, un rictus plutôt, quand il la vit qui sautait religieusement au-dessus des cendres.
Oui ! C'était celle-là !