Si seulement je pouvais hiberner

Ce qu'on en pense

Un adolescent brillant, soutenu par ses professeurs, et qui peut légitimement prétendre aux plus hautes universités de son pays... Une belle histoire, si ce n’est qu’elle se passe dans un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie. Si ce n’est que ce garçon doit d’abord s’occuper de ses frères et sœurs et trouver de quoi chauffer la yourte familiale, la tente traditionnelle de ses nomades mongols qui se réfugient entre les buildings de la grande ville…

Devant ce film présenté à Cannes dans la sélection “Un certain regard”, on pense à Zola et à ses J’accuse ! lancés contre les injustices de son temps, on pense au cinéma néo-réaliste dans l’Italie pauvre d’après-guerre, on pense aux films sociaux de Ken Loach. Rien de misérabiliste ou de larmoyant, au contraire : un film rude et tendre, âpre et plein d’espoir.

Au milieu d’un quotidien peu imaginable pour nous de dureté, il y a cet adolescent impressionnant d’humanité. Ce qui est juste, c’est qu’il n’est pas un surhomme, un héros parfait : il est lui-même. Il est fier et intellectuellement doué, il est mature et généreux, il a le sens des responsabilités et même du sacrifice pour les siens. Il est fragile, aussi, et tiraillé entre aider sa famille et s’en sortir. Sous les dehors impassibles et rudes du Mongol, il a un cœur en or et une volonté au fond des tripes.

Un film sur le courage, l’héroïsme, le sens du sacrifice ? Oui. Un film aussi sur la famille et la joie, l’éducation et la transmission, l’émotion et la persévérance dans les petites choses de la vie et du quotidien.

Jef, libraire à la Procure de Paris