Spinoza : une physique de la pensée
François Zourabichvili
Versailles, Lyon 2ᵉ, Lyon 6ᵉ...
Ce que dit l'éditeurSelon Spinoza, les idées appartiennent à la nature au même titre que les corps. Et pourtant ce ne sont pas des corps : seule une physique spéciale, nullement métaphorique, peut rendre compte de l'étrange univers qu'elles composent. Mais quelle peut être cette physique, et ne semble-t-il pas que Spinoza ait renoncé à l'exposer ? Il n'en est rien, pour peu que le lecteur soit sensible aux étonnantes manœuvres de la IIe partie de l'Ethique. D'une part, Spinoza y redonne ses droits à la notion de forme, préparant une redéfinition de la physique comme science des transformations réglées. La portée de cette notion s'avère logique autant que médicale : tandis que la forme d'un corps désigne désormais la formule mécaniste de son individualité et constitue une norme pour ses variations, la formation d'une idée, lorsque celle-ci se conçoit comme une réalité vivante et que s'efface sa différence avec l'esprit, devient un problème physique et non plus méthodologique. D'autre part, Spinoza y propose un nouvel usage de la langue, tout en invitant le lecteur à s'y initier : l'intelligibilité de l'univers mental (ou «entendement infini») est à ce prix. La tâche du commentateur est alors de balbutier le nouvel idiome, au lieu de le traduire et de le réduire comme on le fait ordinairement. Cette réforme de la langue, au-delà de la mise en ordre géométrique du discours, esquisse sous nos yeux la grande réorganisation des images et des affects envisagée dans la Ve partie de l'Ethique. Ainsi fondée, la physique de la pensée donne une consistance logique et ontologique à l'étude des pathologies mentales menée dans les IIIe et IVe parties de l'Ethique, où se révèle l'imaginaire transformiste qui hante l'esprit humain et le maintient dans une impuissance dont l'éthique doit le sortir (par où Spinoza se fait le clinicien de son temps et déchiffre dans le goût baroque une structure anthropologique universelle). Dans le même temps, elle force cette étude à rencontrer pour son compte la question-limite de la transformation mentale (suicide et amnésie). |
RésuméDans cette étude, François Zourabichvili se propose d'exposer la rénovation spinozienne de la notion de forme, d'aller de l'individuation corporelle à l'individuation idéelle, de dégager les principes de l'idiome spinozien qui donne accès au plan de l'entendement infini, et enfin de reconstituer la grande psychopathologie de l'Ethique. ©Electre 2024 |
Caractéristiques Auteur(s) Éditeur(s) Date de parution
25 octobre 2002
Collection(s)
Philosophie d'aujourd'hui
Rayon
nv philosophie
EAN
9782130525318
Nombre de pages
275
pages
Reliure
Broché
Dimensions
22.0
cm x
14.0
cm x
1.4
cm
Poids
315
g
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À propos de l'auteurFrançois Zourabichvili, qui s'est donné la mort en 2006, a laissé une oeuvre inachevée mais d'une rare rigueur scientifique et d'une grande qualité philosophique. Parallèlement à une carrière d'enseignant qui l'a mené à une direction au Collège international de philosophie, il a travaillé sur Spinoza et Gilles Deleuze. |