L'histoire de la raison : anthropologie, morale et politique chez Rousseau - Gabrielle Radica

L'histoire de la raison : anthropologie, morale et politique chez Rousseau

Gabrielle Radica

H. Champion | février 2008
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Ce que dit l'éditeur

À la suite de Hobbes, de Locke, de Gondillac et de d'Alembert, Rousseau conçoit la philosophie comme une démarche génétique. L'unité dynamique de son oeuvre ne réside pas tant dans une série de thèses qui la résumeraient que dans le fait que Rousseau a appliqué cette méthode génétique en faisant varier ses points de départ et ses objectifs : genèse du droit naturel à partir des hommes isolés dans le second Discours, genèse de la volonté générale à partir des intérêts individuels dans le Contrat social, genèse de l'amour-propre et de la vertu à partir de l'amour de soi dans l'Émile. Or cette perspective historique rend compte à la fois des thèses de l'auteur, de leurs variations et de leur solidarité (ainsi la bonté naturelle de l'homme est-elle indissociable de sa corruption effective). Rousseau discute toujours avec ses interlocuteurs en réfléchissant sur le meilleur moyen d'affirmer une thèse, et en défendant la supériorité de ses propres genèses sur les leurs : l'histoire du droit naturel remonte plus loin que celle de Hobbes qui omet l'amour de soi ; la genèse de la volonté générale est plus réaliste que celle de Diderot dans la mesure où elle produit une justice effective et non une simple idée de justice. Or cette démarche explique le statut que reçoit la rationalité pratique dans l'oeuvre : la production des différentes règles de conduite se confond avec un processus de rationalisation, c'est-à-dire d'arrangement des dispositions et des intérêts concrets quand ils se trouvent en opposition ou en équilibre instable. L'activité rationnelle ne désigne donc pas tant l'exercice d'une faculté que l'ensemble des efforts pratiques d'amélioration, de régulation, de reformulation ou de réorganisation des situations humaines conflictuelles.

Se dessine alors une pensée attentive au singulier et au devenir. Les normes ne sont pas absolues, elles sont le produit d'une rationalité pratique qui se déploie en situation. Rousseau critique l'universalisme des penseurs du droit naturel et lui substitue la règle de la volonté générale, instance immanente au corps politique. L'éthique révèle que les devoirs sont les produits rhétoriques d'un développement des passions et la pensée rhétorique, cet art des « prises » qu'on peut avoir sur l'homme, mérite d'être intégrée pleinement à l'anthropologie rousseauiste. L'être humain que décrit Rousseau se définit en effet principalement par ses passions, ses discours et ses croyances.

Résumé

Etude de l'éthique rousseauiste dans une perspective génétique révélant que les normes morales sont les produits historiques et rhétoriques d'une évolution signifiante des passions, et que les passions qui décident du comportement sont indissociables des croyances utiles qui les stabilisent et des discours qui les constituent. ©Electre 2025

Caractéristiques

Auteur(s)
Éditeur(s)
Date de parution
28 février 2008
Collection(s)
Les dix-huitièmes siècles
Rayon
Philosophie, éthique
EAN
9782745316325
Nombre de pages
805 pages
Reliure
Relié
Dimensions
24.0 cm x 16.0 cm x 3.7 cm
Poids
1160 g

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