Rouen : primatiale de Normandie

Ce que dit l'éditeur

« Montée jaillissante vers le ciel »

Qui arrive à Rouen ne peut ignorer la cathédrale Notre-Dame. Construite pour abriter le peuple de Dieu et lui permettre de célébrer les mystères de sa liturgie, elle a toujours été signe de l'insertion de ce peuple dans la cité. Aussi est-elle le témoin silencieux mais sans cesse présent de l'histoire de Rouen, de ses heures glorieuses et douloureuses. Elle s'en est enrichie ; elle en porte aussi les stigmates.

Comme ce livre en témoigne abondamment, la cathédrale Notre-Dame de Rouen montre dans une même construction les étapes de l'histoire de la cité, les changements culturels et politiques qu'elle a vécus, l'évolution des goûts artistiques. « Montée jaillissante vers le ciel. Asile immense, forêt lumineuse. Protectrice [...] merveilleuse cité de Dieu [...] cité plutôt qu'église ; édifice foisonnant et multiple », écrivit André Maurois dans son Rouen dévasté publié au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avant de conclure : « Pour les Rouennais, leur cathédrale était comme un palladium, gage auquel la ville attachait le sens de sa durée. » Elle le demeure.

« Une composition tout à fait rare »

Chacune de nos grandes cathédrales médiévales d'Europe, toutes globalement édifiées selon le même modèle et dans le même élan religieux, oeuvres parfois des mêmes équipes de bâtisseurs ou ateliers itinérants, de province en province au gré des chantiers, faisant recours à des matériaux et à des procédés constructifs similaires, possède cependant une personnalité qui lui est propre et s'incarne en une image immédiatement identifiable. Notre-Dame de Rouen n'échappe pas à cette règle. Elle se signale en effet au premier regard par le jaillissement de ses sept tours, étonnamment espacées entre elles, se mêlant ainsi dans la silhouette de la ville à la profusion et à l'éparpillement des clochers des autres églises, au point que l'on ne perçoit parfois plus vraiment lequel appartient à l'une et lequel revient à l'autre.

Cette diffusion des tours de la cathédrale tient bien sûr à 1'ampleur remarquable de l'édifice, 144 m de longueur, pour une largeur de 75 au transept, mais aussi aux dispositions très particulières de sa façade occidentale, flanquée de ses deux tours, tour Saint-Romain au nord et tour de Beurre au sud, exceptionnellement éloignées l'une de l'autre, en une composition tout à fait rare et qui fonde une grande part de l'originalité, mais aussi de l'esthétique, de la cathédrale.