Du nationalisme modéré au Cameroun (1950-1970) : désillusions et avatars

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Politica Sciencia

Du Nationalisme Modéré Au Cameroun (1950 - 1970)

Désillusions et Avatars

Au sortir de la seconde guerre mondiale, le Cameroun vit sous un double impératif : malgré les pressions de l'ONU et des puissances anticoloniales (URSS, USA), malgré l'implication des africains dans la libération de la France, le Général de Gaulle et les gouvernements français n'entendent pas abandonner leur empire colonial. Sachant que leur pays n'est pas une colonie mais est placé sous la tutelle de l'ONU, les Camerounais entendent sortir définitivement de la domination étrangère en obtenant leur autonomie. Ces deux logiques s'affrontent sur le terrain à travers l'administration coloniale et son principal allié local, le Bloc Démocratique du Cameroun, d'une part, et d'autre part, l'Union des Populations du Cameroun. La détermination des seconds se heurte à l'intransigeance des premiers. Comme le rapport de force est nettement en défaveur des nationalistes, certains Camerounais penseront à adoucir leurs revendications et à se contenter du peu que l'administration coloniale pourrait consentir à leur octroyer. Ainsi naît le nationalisme modéré, incarné par des politiques et par certains ténors du clergé catholique. Mais souffrant d'un déficit organisationnel, manquant cruellement d'un leadership conséquent, ce courant sombrera progressivement et se fera avaler par les alliés de l'administration coloniale occupant et gérant effectivement le pouvoir. Ses multiples tentatives de relancer la lutte le conduiront à des changements de stratégies, de personnes et même de langages, tous aussi infructueux les uns que les autres. Finalement, le nationalisme modéré ne sera qu'histoire de désillusions et d'avatars.