Un chardon sur la falaise

Ce que dit l'éditeur

Poésie et langage

Un chardon sur la falaise

Partir à l'aventure sur une mer de mots, à l'aventure avec des voiles qui se gonflent au vent car elle existe, la mer ; et l'aventure aussi qui ne sait où elle va, qui n'accoste sur aucune rive, sur aucune île, qui est d'abord l'aventure d'elle-même... Parfois, il y a cette tentation de partir à l'aventure et de rejoindre des monstres tentaculaires, d'avoir les bras plus longs que des phrases, des bras comme des bouches avides qui sucent la peau, des bras sonores et médusés, des bras invertébrés qui n'ont pas besoin de colonne vertébrale et qui flottent comme des volants violets montant vers le bleu du ciel. Ainsi, il arrive que la mer augmente, s'augmente de toutes ces illusions, de toutes ces inventions, s'augmente des alluvions de l'écriture. Il lui arrive aussi de se naufrager par temps de tempête mais elle n'en a cure, elle est marine, elle « est », elle est sargasse, elle aime les longues lanières saponifiées et gluantes, les longs rubans interminables des métaphores car jamais elle ne s'y emprisonne...

Elle est ainsi, la mer de l'écriture, elle existe. Elle a brûlé tous les vaisseaux sur le sable du rivage, elle est sans retour et les nefs ont la tête tournée vers un rivage sans rive, une dérive. Parfois, elle frise le désastre ; pourtant, elle aime l'orientation à partir des étoiles, elle nage, elle navigue.

Les pages qui viennent arriveront comme des vagues ridant la surface de la mer, elles feront comme cet enfant qui saute la tête la première, plonge et n'a peur de rien. Ces pages n'ont peur de rien. Puis... Il y a un chardon sur la falaise , une falaise sur le chardon, des phrases tentaculaires, un poulpe, une pulpe qui vous tend les bras ! Collez-vous aux ventouses et enlacez l'animal. Ce monstre qui vous embrasse, c'est un grand calamar. Soyez marins et baignez-vous dans les abysses car les phrases auraient pu écrire un roman... Il existe un bloc de rocher compact qui ne cesse de se fracasser sur la mer, plus dur qu'un cerveau, il existe et c'est hors discussion : un chardon - bleu, piquant - y pousse.