Jacques Bainville a subi un purgatoire pour son appartenance à l'Action Française mais la valeur de ses travaux historiques est de nos jours reconnue ainsi que la sûreté de ses analyses. Il fut l'un des rares à voir que le traité de Versailles qui conclut la première guerre mondiale portait les germes de la seconde.
Jacques Bainville a écrit son premier livre, une biographie de Louis II de Bavière à 20 ans, alors qu'au sortir du lycée Henri IV et d'un grand voyage en Allemagne et en Autriche dont il possède la langue - il traduira les poèmes de Heinrich Heine- et apprécie la culture, il étudie l'histoire et les lettres classiques à la Sorbonne. Cette même année, il fait la connaissance de Charles Maurras, fondateur de l'Action française. Le jeune monarchiste est séduit et s'engage aussitôt. Maurras lui confie très vite la rubrique de politique étrangère de son journal. Jusqu'à la Grande Guerre, ses livres reflètent sa connaissance de l'Allemagne : Bismarck et la France, Histoire de deux peuples : la France et l'Empire allemand. Lucide dès 1920, il publie un livre prémonitoire, Les conséquences politiques de la paix, dans lequel il analyse le traité de Versailles signé l'année précédente et explique comment la lourdeur des sanctions contre l'Allemagne porte en germe une nouvelle guerre. Treize ans avant la prise du pouvoir par Hitler, il a prédit l'annexion de l'Autriche, celle des Sudètes et le pacte germano-soviétique. Une clairvoyance peu partagée à cette époque. Il dénoncera le nazisme dès 1933. Il analyse également Comment est née la révolution russe. Ses autres livres marquants : une histoire de France parue en 1924 dans laquelle il ne cache pas ses opinions royalistes, un Napoléon et la suite de son Histoire de deux peuples jusqu'à Hitler. S'il n'est pas historien au sens universitaire, il sait expliquer l'actualité à la lumière de l'histoire. Il meurt en 1936 sans voir les tristes évènements qu'il avait prédits. Ses obsèques sont entachées par l'attaque par certains de qui suivent le cortège de la voiture dans laquelle ils reconnaissent Léon Blum