Un amour de loin

Ce que dit l'éditeur

Quand Laure a écarté les jambes, j'ai cru que mon cerveau allait éclater. Ce que j'ai vu, je ne sais pas. Ce fut comme si mes yeux s'étaient pelotonnés dans sa vulve et avaient vu leur hébétude. La fleur, d'un rouge lyrique, plongeait ses racines à la jonction des hémisphères de ma cervelle. Elle en irriguait les veines, la gorgeait d'une intelligence explosive. J'ai cru que je devenais fou parce que le terme qui faisait défaut à mon savoir m'était enfin révélé. Je savais tout - qui tenait moins en un mot, une lettre, un cri, qu'en cette muette, sauvage efflorescence. La pièce qui manquait au puzzle en achevait le dessin mais au prix de le faire voler en éclats. Je restai planté entre les cuisses de Laure, sidéré par ce qui me fixait. A mesure que je plongeais dans les entrailles de la pieuvre, celle-ci vampirisait ma vue pour en détourner la puissance et la pointer sur moi. J'étais l'archer visé par la cible, la flèche, décochée, m'atteignait depuis le coeur que je croyais meurtrir. Faute d'objet, ma vision se dressait contre elle-même jusqu'à chercher, dans la pulpe de l'oeil qui en était l'organe, la chose dont l'absence la faisait tourner à vide. Un oeuf brisé pleurait dans ma cervelle.